Fille de Toutes les Autres

Quand

La vie d'avant te revient par éclats de peine

Qu'ils pèsent tant, les milles coffres que tu traînes

Quand tu t'accuses de tout le mal qui te saigne

Quand tu te sens de trop même quand t'es seul.e sur scène

Quand son visage danse dans le préau de tes remords

Quand tous les bateaux, sans rien dire, quittent le port

Quand ils décident entre eux que tu sais qu'ils ont tort

Quand tu te sens t'écrouler dans ton propre corps

Pense aux herbes hautes

Aux épaules chaudes et aux étreintes qui réparent

Pense à toutes les autres

Qui avant toi en ont bien gravi des remparts

Quand

La nuance s'écrase sur les digues de nos rancunes

Que les promesses s'étiolent et semblent faites d'écume

Qu'on te répète qu'une vie ça se gâche et qu'on en a qu'une

Que tout paraît plus doux là-bas derrière la dune

Quand les opinions s'entre-déchirent sans rien attendre

Que même les espoirs n'alimentent plus le scaphandre

Quand le monde entier semble sur le point de se fendre

Quand tu rejettes malgré toi les mains qui se tendent

Pense aux herbes hautes

Aux épaules chaudes et aux étreintes qui réparent

Pense à toutes les autres

Qui avant toi en ont bien gravi des remparts

Pense

Aux forêts denses dont l'écorce rouge est l'étendard

Aux foules immenses, aux nuits de danse, à nos guitares

Aux visages tendres de tes allié.e.s aux amours rares

Pense aux orages d'été et aux nouveaux départs

Dans les herbes hautes

Tu donneras ton épaule et ton étreinte qui répare

Fille de toutes les autres

Tu nous tendras la main tout en haut du rempart