Journée en enfer

Frais, frais

J'ai fait mes armes parmi les dealers et les braqueurs

Là où les mineurs ont d'autres envies que d'être rappeur

Où la violence est une marque déposée

Où la daronne a marre d'aller bosser, l'appart' est désossé

Où le pognon est un leader d'opinion

Les vieux passent plus dans l'hall à cause de l'odeur du pilon

Le manque de pèze, c'est c'qui bouleverse

Et le système qui nous baise sont les sirènes qui nous bercent

Pour nous, l'État n'voulait pas lâcher un centime

Tout ça a bien changé depuis l'début des incendies

Sur l'autoroute, ils voudraient qu'on roule à cent dix

Mais bon, après quelques gouttes on préfère être à deux cent dix

Même quand j'traîne j'ai plus l'impression d'traîner

Ma tess me serre si fort que j'ai l'impression d'l'aimer

Fidèle, les mêmes amis depuis tout p'tit

Pour eux c'est face ou pile, ça part en couille sur un coup d'fil

Largué, cramé comme pas permis

Dans la sère-mi t'apprends à braver les interdits

À la baraque, des galères de fou mon pote, vaut mieux qu'on sorte

Pour le p'tit frère pas de carrière de foot, PES le console

Voiture en panne, cherche quelqu'un qui s'y connaît

Pendant ce temps, ta sœur a l'câble et voit des seins siliconés

J'regarde des politiciens parler d'ma vie et en débattre

J'regarde les faux M C rapper ma vie, mais en play-back

Chico, les toxico' cherchent la meringue

Ils ont besoin de rien à part d'une seringue

Tu veux baiser d'la pute ? Fais belleck au bois

Les meufs y sont suspectes comme la mort de Bérégovoy

C'qui nous donne les barreaux, les flingues et les lingots

Comme d'hab' frérot, les gros gamos nous rendent dingos

Des halls remplis comme nos casiers judiciaires

Ta puce elle est cramée, fais gaffe aux camés qu'tu vi'-ser, mec

Les absents ça laisse un vide, viens, je t'invite

Les receleurs ne viennent jamais les mains vides

On a les mains sales, soulève l'asphalte avec un cric

La police nationale, bel et bien fan de nos trains d'vie

On prend la vie comme un défi

Jamais ne se défile, ne se débine var c'est le destin qui décide, petit

Les flics nous épient sous leurs képis

À la recherche de pépites, soit tu faiblis, soit tu t'équipes

On t'ignore ou on te prend pour un guignol

Tant qu'on n'a pas testé ce que t'as entre les guiboles

Tes soi-disant frères te feront faire des bagnoles

T'enverront aux Baumettes ou à la frontière espagnole, mec

Tu penses qu'à grimper les échelons

Pour éviter les plombs, sous le veston t'as du téflon

Tu rêves d'aut' chose mais pour être bon, il t'faut des fonds

La vie, soit tu la forces, soit tu t'enfonces et te défonces

Tu veux la guerre ? J'espère que t'as le matériel

Les gars veulent s'la faire belle à peine sortis d'la maternelle

Connaissent mieux le pipeau que les mots du dico'

Les laisse pas près d'tes sous, c'est comme l'essence près du Zippo

Eh, ouais mon vieux, ils t'les crament, armés d'un jerricane

Frérot, t'as ma parole, c'est véritable

Plus je survis, plus l'avenir s'obscurcit

Plus je vis, plus je m'endurcis, je suis comme en sursis

Dans le vrai comme Malcolm, t'étonne pas si j'me fais buter

Dans la rue j'boite parce que le diable m'a fait du pied, apparemment

L'voisin en a ras-le-bol des basses

Le gardien me les casse parce que la parabole dépasse

La famille craque, me parle de rentrer au pays

Mon pote craque en garde-à-v' attendant c'bâtard d'OPJ

Le chef de poste assiste à quelque chose qui le dépasse

Sur ses poignets, les menottes ont laissé des traces

Innocent ,il le clame depuis le départ

Mais l'inspecteur le nargue et se tape des barres

J'ai apporté son putain d'grec préféré

Mais je comprends que c'est la merde et qu'il va être déféré

C'est naze

Eh, mon frère, putain c'est naze

D'être à-l dans cette salle de tribunal

Ces bâtards d'juges ont l'impression qu'il nous comprennent

Nous assomment à coups d'pelle, nous font payer avec des longues peines

Envoient un avocat perdu commis d'office

C'est pas la liberté, c'est la fierté qu'ils nous confisquent

T'es dehors ou dedans, sans même savoir comment

Tu dors

Tu t'lèves

Et ensuite

Pfff, sa mère, tout recommence