Quelques centimes

J'ai jeté dans ta ville

Dans chaque fontaine quelques centimes

Fait un vœu dans chaque rue

Où j'aurais juré t'avoir vu

Mon Dieu, qu'il est étroit ce trottoir

Proche de la mer, près des amarres

Et j'reconnais qu'j't'ai reconnu

Mais j'ai fait comme si j't'avais pas vu

Mais depuis, depuis, j'ai largué ma béquille

Tu vois, j'maitrise bien les figures de style

Et j'ai fait du mieux qu'j'ai pu

Pour, pour ne plus croire en c'que j'ai cru

Mais c'est qu'il était étroit c'trottoir

Trop, pour juste t'y croiser par hasard

Et j'reconnais qu'j't'ai reconnu

Mais j'ai fait comme si j't'avais pas vu

Flottait il y a un an tout pile

Du linge aux fenêtres, au tancarville

Et toi, coincé au coin d'une rue

Toi, toi qui n'en as jamais rien su

Mon Dieu, oh qu'il est cruel ce miroir

Qui montre, le peu de moi qui reste à voir

Comme tes facettes de toutes façons

Un jour génie, un jour gros con

Mais, j'ai jeté dans ta ville

Dans chaque fontaine quelques centimes

Fait vœu pieu dans chaque rue

Et promis qu'en douce, j'te verrais plus

Mais, c'est qu'il est étroit ce trottoir

Je n'vois, plus qu'toi derrière tes lunettes noires

Et j'reconnais qu'j't'ai reconnu

Même si j'en parle ici, n'en parlons plus

Mon Dieu, oh qu'il était étroit c'trottoir

Mais depuis, depuis j'ai quitté la ville

Dévalé vallons et collines

Et dans chacune des avenues

Passé toutes nos impasses en revue

Mais c'est qu'ils sont étroits ces trottoirs

C'est, qu'j'suis pas ta visiteur du soir

Et j'reconnais qu'j't'ai reconnu

Mais j'ai pas pu faire un pas de plus

Alors je jetterai dans ta ville

Dans chaque fontaine quelques centimes

Ferai un vœu dans chaque rue

Puis, puis dans celle où t'es apparu

Mon Dieu, oh qu'il est étroit ce trottoir

Proche de la mer, près des amarres

Aussi vaste qu'un trou noir

Aussi vrai qu'la vie est l'fruit du hasard

Mon Dieu, oh qu'il était étroit c'trottoir

Mon Dieu, oh qu'il était étroit c'trottoir