Lyrics

[Intro]
Cinq, quatre, trois, deux, un
Juste cinq minutes de rap puis j'retourne à la poussière près des tilleuls
La Kalash' d'un enfant soldat ne rentre pas dans la poussette de mon filleul
Bientôt la fin d'un monde, le temps s'écoule sans plan d'action
Entre un mur qui tombe et deux tours qui s'écroulent, génération sans fondation (Bonne année)
[Verse 1]
Dehors ça brûle, fenêtres fermées, radio à fond dans l'monospace
Plus peur du temps qui passe depuis qu'le chrono casse
Tout est noir, tout est binaire, blanc ou sanguinaire
Bienvenue dans l'époque où la nuance n'a aucune place
Mais tu rappes ou tu chantes ? C'est du taf ou d'la chance ?
T'es banlieue ou les Champs ? Toi, t'es content ou t'es chiant ?
T'es plus Hutu ou Tutsi ? Paris ou province ?
Vu qu'on veut tout et tout d'suite, t'es plus homo ou sapiens ?
Équateur ou les pôles, squatteurs ou apôtres ?
Pleure sur mon épaule mais t'auras pas le monopole
J'me situe quelque part entre J. Cole et Sean Paul
Bonne année
[Verse 2]
Moi, j'ai l'cul entre deux siècles et on m'demande c'que je sais
J'suis vivant, j'suis complexe, j'suis matière organique
J'suis pas l'un ou l'autre, j'suis tout à la fois
J'suis comme toi, j'suis fait d'étoiles et d'la terre volcanique
Bonne année aux vrais gens qui font tourner mon pays
Ceux qui sont sous-payés, qu'ont la colère de Pompéi
Aux rêveurs audacieux au mental en acier
Et à tous les silencieux qu'on oublie de remercier
[Verse 3]
Bonne année à tous ceux qui sortent poing levé dans les cortèges
Un civil, un flic en Ford, et le score s'est corsé
Porté par les vents comme un corsaire
J'ai l'impression d'évoluer dans un cauchemar de Scorsese
La violence, on a tous pris l'habitude
Mais quand les pleurs retombent, une fleur pousse sur le bitume
C'est donc ça la force des larmes
J'regrette l'époque des initiales gravées dans l'écorce de l'arbre
[Verse 4]
Mais si j'perds espoir, j'vais devenir fou, n'est-ce pas ?
Si l'monde court à sa perte, je n'veux pas qu'tu me laisses croire
Bientôt y aura plus d'guest star, ni d'eau dans l'sud de l'Espagne
Qu'est-ce t'as ? T'aimes pas quand j'dis qu'c'est notre dernière escale ?
Y aura plus les nuées d'oiseaux migrateurs
Ni le chant assourdissant des fusils colonisateurs
Y aura plus de mondanités où l'on est spectateur
Et l'on se perd en jeu d'acteur rattrapés par nos vanités
[Verse 5]
Y aura plus de fashion week, de code promo, de mise en scène
Plus rien à part les pyramides d'Égypte ancienne
Tout est monotone, plus rien ne m'étonne
Y aura p't-être un Youtubeur à la prochaine présidentielle
Bonne année aux campagnes où le bétail mastique en silence
À ceux qui s'lèvent pour ramasser les sacs plastiques qui dansent
À celles qui prennent le bus de nuit pour passer la serpillière
Aux immigrés que nos grands-pères pillèrent, ça peut pas être pire qu'hier
À ceux qui souffrent malgré l'argenterie sur la p'tite cuillère
À ceux qui somatisent, qui noient leurs traumatismes dans une pinte d'IPA
Putain d'bière, pays d'alcooliques, folie
L'Abbé Pierre viole et fait des prières
Bonne année
Bonne année
[Verse 6]
Sauf aux Parisiens méprisants
La hype autoproclamée, tous les journalistes médisants
Ils résument trois ans en trois lignes, dictateurs d'la critique
Paresseux et narcissiques
Qui noient leurs maux psychiques dans la coke chimique
Qui parlent d'empreinte carbone quand leur drogue vient d'Martinique
Que dire des mannequins rachitiques ?
Quarante kilos maximum, selon eux c'est magnifique
[Verse 7]
Bonne année, sauf aux imposteurs vendeurs de formations
Ni aux artisans d'la haine chroniqueurs aux informations
Ni aux antivax sans aucun axe
Les héritiers que personne taxe, tous en quête de sensation
Ces rondouillards, qui abusent de leur petit pouvoir
Ceux qui surfent à la lisière des likes sur la misère, qui t'écrivent si tu partages pas
À part te donner bonne conscience, ta story va pas guérir Gaza
Ni les GAFA, les data, le KKK
Et tous les leaders d'opinion qui profitent de ce bazar
Ni Zara, Obama, ceux qui passent le BAFA, qui touchent des enfants en bas âge
Loin de Claude Lévi-Strauss, c'est la France des bistrots
Celle qui cogne sur sa femme dès qu'elle s'alcoolise trop
Putain de pronostics, esclave des statistiques
Il a fait trois photos et il est directeur artistique
[Verse 8]
On sait même pas c'que nos cerveaux contiennent
À part les conneries d'Hanouna sous poudre colombienne
Des femmes mûres obsédées par les piqûres
Le botox, c'est l'argent qui défigure
Qui peut sauver la Terre ? Faut innover là
Prenez les néo-nazis, rendez Nino Vella
Des nouveaux prophètes, gourous du bien-être
Ni chaînes ni maîtres, les mal lunés, les malhonnêtes
[Verse 9]
Marre des rappeurs débiles et leur apport stérile
Trois mots d'vocabulaire, leur cerveau c'est des bulles d'air
Pour ça qu'ils font cent fois la même chanson
Apologie du crime, du viol, aucune réinvention
Les médias racoleurs, aux titres accrocheurs
Tant qu'ça fait du clic, clic, ça coûte pas trop cher
Époque déprimée, tous les endoctrinés
J'suis 13 novembre, j'suis 7 janvier et j'pense aux rescapés
Aux victimes, à leurs familles et ceux qui restent après
Le bureau des plaintes reste ouvert qu'une demi-heure c't'aprèm
Toi, t'exerces la haine, moi, j'déverse ma peine
J'suis à deux doigts d'foncer dans l'mur comme Max Verstappen
Leurs vieux protocoles et y a rien qui bouge
C'est les mêmes photocalls, les mêmes tapis rouges
Les climatosceptiques, j'les vois qui paniquent
Les musiciens jouent jusqu'au bout sur le Titanic
[Verse 10]
Moi, j'suis 7 octobre, j'suis Gazaoui
Kiev, Alep, Bagdad, Brazzaville
Musulman, bouddhiste, juif, catholique
L'humanité peut s'éteindre en un tir atomique
C'est l'heure des bilans, des résolutions
La guerre du silence, les problèmes sans solution
L'évolution vient d'une météorite
Moi, j'attends la théorie de la révolution
Bonne année
Written by: Jean Castel, Tigri
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