Foutue

Si on m'avait dit qu'un jour je veillerais

Sur le sommeil d'un fauve en liberté

Que je lui bâtirais des refuges secrets

Pour qu'il s'y love avant de déserter

Si on m'avait dit qu'un jour je m'oublierais

Sous les muscles tendus d'un animal

Que je le bénirais dès qu'il apparaîtrait

Avec une eau mi femelle et mi mâle

J'aurais répondu : « Non mais tu m'as vue ? »

Si on m'avait dit que je voudrais polir

Le moindre grain de peau de ma personne

Pour gagner ses faveurs, pour flatter son empire

Que je ferais le beau quand il me sonne

Si on m'avait dit que sans rien me promettre

Il me tiendrait captive entre ses doigts

Moi qui n'ai que mépris pour les chefs et les maîtres

Je déposerais les armes pour ce roi

J'aurais répondu : « Non mais tu m'as vue ? »

Et pourtant, ça y est, je suis foutue

Pourtant, ça y est, je suis foutue

Foutue

Je suis foutue