Babyboumer

Ce matin on bâtit l'avenir,

Celui du monde et d'la famille

Ton papa n'a pas pu venir,

En ville, les chantiers ça fourmille

Être ouvrier c'est un honneur !

Face à lui la maternité

Que les alliés ont bombardée.

Pour ta mère quelle brutalité !

Accoucher seule c'est s'poignarder

Imagine un peu la douleur !

Mais au beau milieu de ces ruines,

Qu'elles soient à venir ou présentes

Dans l'odeur de sang et d'urine

Tu es une joie presqu'indécente

Babyboumeur ! Bébé Bonheur !

Tu es arrivé en beuglant,

Habitude que tu garderas

Traitant tout le monde de gland

Et ça partout où tu passeras

Babyboumeur ! Arrivent les chieurs !

Tuée par un' tuberculose

Ta maman n'était pas âgée.

Embrasser jeune, ça, toi tu l'oses

Grâce aux campagnes de BCG

Babyboumeur ! Toi t'as pas peur !

Arrivé pile au bon moment

Où la médecine fait des progrès

Pour toi y'a des médicaments

Pour tes parents que des regrets

Pour toi Boomer, la greffe du coeur !

On t'offre tout, même des organes,

Pour pas crever ou juste maigrir,

Et tu prends tout, même les gitanes,

Que tu voudrais te faire prescrire

Babyboumeur ! Toujours fumeur !

Papa fait la reconstruction

Les routes, les ponts, la politique,

C'est là que tu entres en action

Sous LSD ça rend critique

Babyboumeur ! Pas en douceur !

Oubliée la Libération

Reste la tienne, la sexuelle,

Pour fêter cette belle susssesssion

Ça baise dans toutes les ruelles

Babyboumeur ! Soixante-huiteur !

Pour ta passion de la bonne chair

Tu bourres ton lit comme ton assiette.

Tu veux de tout et pour pas cher

L'agriculture t'en fais des miettes

Babyboumeur ! Gros pollueur !

Grâce à l'agroalimentaire

T'as fait pousser l'obésité

Avec en prime vestimentaire

Les leggings blancs sans hésiter

Babyboumeur ! Consommateur !

Viv' le pétrole et son plastique,

Les livres pédos, les films pornos,

Traiter d'« réac » ceux qui critiquent

Ça te prend un' minut' chrono

Babyboumeur ! Coeur de rocker !

Tu lâches le rock pour le disco

La bourse pour les refuges fiscaux

C'qu'il reste de ton passé coco

T'en fais des rails sur les Echos

Babyboumeur ! La bourse en coeur !

Tu connais que le plein emploi

Et ne circules qu'en avion

Sur le chômage tu te déploies :

« Nous, du courage nous en avions »

Babyboumeur ! Jamais chômeur !

Et quand arrive le sida

Tu risques pas d'en trépasser

Tu dis « faut s'passer du dada »

Bah ouais bien sûr et ton passé ?

Babyboumeur a changé de moeurs !

Le bruit du choc pétrolier

N'était pas assez fort pour toi

Avec les potes vous contrôliez

Ce gâchis en restant courtois

Babyboumeur ! La bouche en fleur!

Tu t'es permis de tout gâcher

De mettre tes déchets, triomphant,

Comme un cadeau dans un sachet

« Je pose ça là pour les enfants »

Babyboumeur ! C'est une tumeur !

Retraite avant soixante-huit ans

Avec taux plein, et tout l'respect,

Tu pars vivre en Grèce à mi-temps

La chirurgie te change d'aspect

Babyboumeur ! Quelle belle demeure !

Soudain tu sens que tout s'écroule

Il faudrait partager tes points

Dans ta tête ta vie se déroule

Tu veux te battre avec les poings

Babyboumeur ! Paie ton humeur !

Tu veux qu'on aille gueuler pour toi

Comme tu l'as fait ta vie durant

Mais que les CRS nettoient

Les rues en nous défigurant

Babyboumeur ! T'as Alzheimer !

La maladie de ton époque

Résume bien ta trajectoire:

Tu finis la tête dans kapok

En ne voyant que tes victoires

Babyboumeur ! Baby Boumeur ?

Maintenant t'es vieux, tes cachets

Ont grossi comme tes poubelles

Tu voudrais pouvoir te cacher

Trop tard, y'a le mond' qui t'appelle

Baby Boumeur ! C'est pas l'facteur !

La maternité que ton père

Avait rebâtie de ses mains

Tu l'as fermée pour que prospère

L'économie sans lendemain

Babyboumeur fait moins l'frimeur !

T'as tout pris du sol à la mer

Jusqu'à ce que tout soit bien vide

Il nous reste que le goût dl'amer

Et pour toi la peur du covid

Babyboumeur ! Ça y est tu pleures !

Pourquoi ils restent pas chez eux?

Parce qu'ils veulent vivre, baiser, manger,

Tout ça en marchant sur des oeufs,

Que t'as tranquillement dévoré!

Babyboumeur ! Jamais tu meurs !