Visions de Manu

C'est toi qu'a fait toute ma jeunesse, un peu avec Frank Margerin

Les poings serrés au fond de ma veste, hurlant à la lune comme un chien

C'est grâce à toi qu'j'les ai aimés, mes tours, mes briques, et l'air de rien

Que je ne chie pas dans mon froc , dans la dureté du p'tit matin

J'les entends encore tes histoires, de mes grands frères que je n'ai pas eu

Gravées au fond de ma mémoire, Gérard Lambert, Lucien, Manu,

On a du sang noir sur les mains, de l'huile de vidange dans nos coeurs

Des petites chéries en maillot de bain, trois fois rien qui fait not' bonheur

Qu'est ce que tu branles depuis tout ce temps ?

Je ne peux pas croire tous ces blaireaux

Tu traînes trop avec des sales gens

Ou les mondains ont eu ta peau ?

J't'ai vu en rêve la nuit dernière, tu étais là : tout beau, tout gris

Tu insultais la terre entière, tu t'promenais avec ton caddie

Tu avais l'âge que t'as maintenant, maigrichon, dans ta Gabardine

Et sur ta joue, un vieux pansement; un peu tremblant, mais si tranquille

Tu n'habitais plus l'Bas-Meudon, pauvre loubard chez les rupins

Tu avais une balafre au front et une Jupiler à la main

Tu squattais plus la Canebière, pauvre cagole chez les ultras,

Tu traînais juste comme ça pépère, tu ne te torchais plus au pastaga

Qu'est ce que tu branles depuis tout ce temps?

Je ne peux pas croire tous ces blaireaux

Tu traînes trop avec des sales gens

Ou les mondains ont eu ta peau ?

Handy Warrhol à la coupole

C'était l'bon vieux, c'était l'bon temps

Il n'en reste plus qu'de l'herbe folle

Au fond d'ton verre, de l'air du temps