Pour toi le beur

Il faut toujours que ton nom rime avec galère

Qu'on le confonde avec le mauvais sur cette drôle de terre

Ceci n'est pas pessimiste mais juste réaliste

Un méfait commis quelque part, il y a ton nom sur la liste

De ceux qu'on accuse, paria d'une société

Qui se dit « Démocrate et fière de toutes ses libertés »

Il y a des droits qu'on donne et ceux qu'on distribue

L'hypocrisie en est évidente, je sais que tu l'as vu

On te dit « Fermé ou trop dur, mentalité à part »

Voleur, frappeur, flambeur, zonard

Ces adjectifs maudits que tu connais par cœur

Je voudrais tant voir le contraire pour toi, mon frère, le beur

Au fond de toi, la vérité parle avec ton âme

Des pages du Coran d'une religion qu'on appelle « Islam »

Un monde de flic, de fric, de pute, de stup

La vida d'un béton qui pue la Z.U.P

Un sang de guerrier coule en toi, il te vient de ton père

Qu'on a pris pour construire la France, en récompense, la misère

D'un appartement, d'un loyer dur à payer

Tu as grandit en voyant tout ça, tu es trop dégoûté

On te bastonne, on te cartonne

Tes papiers sont la proie de tous ces uniformes

Mais tout ça va changer, ils vont s'apercevoir

Que ton nom est à respecter, un peuple et une histoire

Sais-tu pourquoi j'écris tout ça ? C'est parce que je me rappelle

Le mec bloqué que j'étais, pour qui la vie n'était pas belle

Tu m'as remonté le moral, remis en forme

Explosant mon cerveau de mots qui firent de moi un homme

Il y a des choses qui ne s'expliquent pas mais qui se font

Je t'en prie, crois en toi, monte le son

Dieu t'aide à supporter ces abrutis qui te désignent

Ils sont jaloux ou bien gênés, y aurait-il comme un signe ?

Une réflexion s'impose, messieurs, dames je vous dis

Ces êtres sont humains, il doit en être ainsi

Je vous parle de fraternité, je vous agresse

Ras-le-bol de toutes ces étiquettes, il faut que cela cesse

Le premier pas ne coûte pas cher, évolution, chaleur

Pour tout ceux qu'on appelle « Les beurs »

Je vous dédit ce rap, écrit en une seule fois

Une colère m'est venue un soir qui te donne ça

Par hasard, si tu veux savoir, mon sang est mêlé de noir

Et le métisse rappeur que je suis connaît bien son devoir

Celui de dénoncer, de crier sur cette justice

Portraitiste d'une société d'égoïstes

Car inutile de mentir ou de faire semblant

D'avoir une fausse attitude au regard des gens

De ces sociétés, ces villes tranquilles

Où quelques fois et même souvent, ta vie ne tient plus qu'à un fil

Beaucoup de sociétés s'unissent dans la dictature

Et après ça, on vient nous parler de culture

On cultive du vent, de l'inégalité

L'extrême d'un mot qui se meurt, le verbe aimer

T'as rendu froid et distant ce qui paraît étonnant

Pour tout ces gens qui te voient, qui te croient si différent

Braque le temps à coup d'espoir, ceci est sans limite

Le temps s'écoule, les heures passent si vite

Tu aimes la soul de Chess, elle t'apaise, te prend

Tu aimes ce cri, cette rage, ce chant stimulant

Alors danse, pourquoi toujours souffrir ?

L'avenir ressemble à tes sourires

Danse, le moral repart

Un rencard sur fond de musique noire

Africaine, le cœur de la terre t'appelle, t'emmène

Et tu te déchaînes

Le bled est loin, trop loin, tu comptes les kilomètres

Assis sur une chaise, tu attends à la frontière de ton être

Que l'on te dise : « Et toi, qu'est-ce que tu veux ? C'est quoi ? »

La dignité, l'honneur, la fierté, tout ça ?

Des amours, l'importance grandit de plus en plus chaque jours

Car tu n'fais pas la charité ni ne cries : « Au secours »

Musulman, tolérant

Tu l'es mais on ne veut pas y croire, on t'imagine violent

Ça rassure, c'est dur, quelle tristesse

On se veut clair, précis, où est la finesse ?

Devant une administration qui patauge et te perd

Trop de paroles en l'air et tu ne peux rien faire

Je m'appelle Lionel D, je rappe et je prends la défense

De tous ceux qui consomment des faits imprégnés d'offense

Oui, je m'emporte sur cette musique funky

Le kiss, le pacifique à Paris

Le costard, pompes croco, bagues et chaînes en or

La frime est provocante, c'est comme le décor

Moi, je te propose l'unité, discuter, rencontrer

Dégager toute la parano qu'elle soit repoussée, étouffée

Je te laisse et te souhaite la paix

Elle arrive, elle va chanter, écoute, c'est vrai

Pour toi, mon frère, le beur

Pour toi, mon frère, le beur