La tempête

N'aie pas pitié des morts, Harry

Aie pitié des vivants

Et par-dessus tout, de tous ceux qui vivent sans amour

Autour de nous, je sens qu'ça monte, c'est fou quand on part de rien

La mode, c'est de faire du mal, moi, j'ai pas honte de faire le bien

Nos salles se remplissent, je vois que les leurs se vident

Les jolies filles oublient souvent qu'avec le temps, les visages se rident

Pas prendre la grosse tête, un jour tout peut lâcher

J'ai vu des ex-superstars taffer au supermarché

Continue, ne lâche pas et un jour tu perceras

J'ai vu des caissiers qui méritaient d'être des superstars

Tu peux t'moquer de ma tête et de mon corps dans ton texte

Frère, j'suis plus au collège, j'en ai fini des complexes

Et je sais qu'ça t'embête, mais on s'en tape, on s'entête

Avant c'était le rap, envoyez la tempête, Biggie

Yo, yo, yo

L'album est là, les frères

Yeah

Et quand je prends le mic, on m'dit souvent : « Qu'est-ce que tu fous là ? »

Tu dis qu't'es pas raciste, tu différencies black et toubab

Tu trouves que j'suis pas cool, ma poule, j'peux pas t'en vouloir

Car j'suis l'premier MC diplômé de l'école de Poudlard

Ouh là, cette année, les deux frères vont tout casser

Les autres MC sont dépassés, leurs albums sont déclassés, ouais c'est chaud

Paraît qu'j'suis moche, dégueulasse et pas beau

Mais sache que j'échangerais jamais ta gueule contre mon flow

Bigflo, j'ai plus de flow qu'une jarre, j'ai plus de flow qu'une mare

J'ai plus de flow que ton flow, mais qu'est-ce qu'il t'faut, connard ?

J'broie du noir, j'ai l'impression d'être Batman

Tu peux dire que t'aimes pas mon rap, tu peux pas dire que j'rappe mal

Et on part à l'attaque des bacs, on évite les balles

On débarque, on décale les macs, on éclate les barrages

À l'écart de ce rap, la dalle nous donne du courage à nos mic'

Tout l'monde à terre, plus de flow qu'un putain d'Canadair

Tu dis : « Ça sert à rien d'rapper vite » parce que tu sais pas l'faire

On était rien, on partira en légende

J'suis une souris qui envoie les éléphants la trompe entre les jambes

À trente ans, t'insultes mon p'tit frère, j'essaie de pardonner

J'vais leur donner l'amour que leur mère ne leur a pas donné

Certains essaient d'nous faire du mal, mais bon dans le fond, c'est pas terrible

Tu t'moques parce que j'suis petit, mais il y a rien de plus dangereux qu'une bactérie

Tu penses qu'y a que Paname, c'est marrant, c'est pathétique

Avec ta weed tu planes, mais c'est quand que t'atterris ?

Tu veux que j'fasse d'la trap, que j'allonge

Toutes les fins d'mes phrases, pour faire classe

Que je fasse des trucs avec mes doigts

Moi j'ai rien à prouver, tu peux me trouver à faire des fournées toute la journée

Ça me dégoûte, ils veulent des sous, que j'fasse la bouse, comme Fous ta cagoule

Le seul truc que t'attends, c'est d'me voir sauter

Mais si la balle est dans ton camp, c'est qu'le flingue est de mon côté

On s'croise en concert

Ils nous ont sous-estimés, comme un rhume qui s'transforme en cancer

C'est ouf, ouais c'est dingue, tout ce qui nous arrive

Toulouse, longtemps qu'personne représentait ma ville

Merci à vous les potos, bien sûr aussi à toutes les filles

On n'parle jamais assez de vous dans nos morceaux

Une chambre, un stylo et la passion de deux frères

Donc si on y arrive, toi aussi tu peux l'faire

Et le hip-hop, j'l'ai saigné, au moins on va essayer

Et j'repense à tous les MC qui nous ont précédés

Nous on va jamais céder, et si tu veux nous aider

Au lieu d'acheter une pizza, achète mon CD

(10 points pour Gryffondor)

Yeah, Oli

Au royaume des aveugles, le roi

Est un aveugle qui dit aux autres aveugles qu'il voit

« Oli, t'y arriveras jamais » on m'l'a dit cinq cents fois

Par chance, mon rappeur préféré a l'même sang qu'moi

Apprenti, face aux anciens, j'suis rien qu'un inculte

Dans c'monde où être gentil devient une insulte

Je garde mes proches et mes valeurs sous scellés

Un public en or qui supporte et force la porte sur l'CD

Depuis tout petit, on écrit et on bouscule le destin

Et là où tout s'complique, c'est quand tout l'monde dit : « Reste simple »

Certains rêvent de nous voir fondre au premier rayon

Mais leurs bâtons dans nos roues sont devenus nos crayons

Mon album est une naissance, ils m'ont pas cru, c'était blessant

J'ai pris mes larmes, j'ai pris mes doutes, j'ai pris l'temps d'en faire de l'essence

Putain j'te jure j'ai eu la rage devant ces sales chiens

Quand j'rappe ce couplet, j'crache du sang, et c'est pas le mien

Pas capable de rapper vite, donc tu dis qu'ça sert à rien

Ils ont tous refusé l'feat, après l'album, on verra bien

T'façon si je pose avec quelqu'un, c'est soit Bigflo, soit Michael

À chaque ligne, j'imagine leur vieille mine, leur sale gueule

À leur âge, ils insultent nos daronnes

Le rap, c'était mieux avant, avant qu'j'comprenne leurs paroles

Tu sens qu'c'est lourd et tu peux pas l'nier d'un coup

Mon père m'a dit : « T'inquiète, si on t'déteste, c'est qu'on t'a aimé un jour »

Et j'rappe tous les jours

Mais c'est pas tous les jours qu'j'écris un couplet que j'pourrais rapper tous les jours

J'viens claquer toutes les joues

Et j'prends d'la force à tous les coups

Et si j'disparais sous écrous, d'un MC taré, souvenez-vous

Qu'l'homme est dangereux, entre grandeur et folie

Et si on m'bute pour une phrase, #JeSuisOli

Ici, les sales cons font salle comble

Facile de parler d'la rue quand tu la regardes de ton balcon

Marre des MC alcoolos, loin comme Apollo, j'gratte

P'tit, frappais en solo, eux s'battaient pour les sales polos Ralph

Je tacle pas mollo, gratte comme une intello qu'on baffe en colo

Revenant plus tard avec une batte que l'on va fanculo, gars

Ils nous exploitent, y a pas d'taf, juste un tas d'aigreur

Et qui est le plus pris pour un con ? Le manche à balai ou le balayeur ?

J'les entends tous pester

Sale époque, les uns contre les autres, venez on arrête de s'détester

J'écris avec le cœur et les tripes

Eux font des égotrips en chœur

J'attends qu'un as de cœur me pique

Depuis le départ, on évite les balles des types pas nets

Les pieds sur terre, je vends mon album sur une autre planète

Oli